Rigolo quand on sait à quel point médias et politiques se sont évertués à dénigrer le personnage.
Trump a fréquemment critiqué le système social américain, affirmant qu?il était exploité par des personnes qui ne contribuaient pas à la société, notamment des immigrants.
Le projet de l'Arizona introduit une condition de résidence de 5 ans, qui vise particulièrement les nouveaux arrivants, en présumant qu?ils pourraient "abuser" du système.
Cela dit, je vous renvoie à cette vidéo qui montre que de plus en plus de nos jeunes étudiants, entre 18 et 25 ans, font eux aussi appel au revenu d'intégration. Ils seront donc, eux aussi, victimes de cette mesure.
Cette approche s?inscrit dans une rhétorique qui oppose "nous" (les citoyens installés) à "eux" (les nouveaux arrivants).
On connaît ce petit air, hein. Sauf que le "eux" visés cette fois sont musulmans même si le projet ne les cible pas explicitement, semble-t-il (c'est une fuite incomplète).
L'administration Trump avait soutenu des réformes pour réduire l'accès à des aides sociales comme les food stamps (SNAP) en les conditionnant davantage.
Par exemple, elle proposait que les bénéficiaires démontrent qu?ils travaillent ou participent à des programmes de formation pour rester éligibles.
Dans les deux cas, l?idée est de limiter l?accès aux aides sociales aux personnes considérées comme "méritantes", en établissant des critères basés sur la contribution (travail, apprentissage d'une langue, ou résidence continue).
Cette approche soulève des questions pour notre futur vivre ensemble.
Est-il légitime de conditionner l?accès à une aide d?urgence à des critères de contribution, dans un contexte où cette aide est souvent nécessaire immédiatement ?
Après les immigrés, après les pauvres, quelle autre catégorie de personnes devra avoir des comportements jugés conformes (et lesquels ?) pour "mériter " des aides, qui ne sont plus ni humanistes ni universelles mais simples "récompense" pour un "bon comportement"?
Si ce type de conditionnement devient systématique et vise à exclure des groupes considérés comme "non conformes" ou "inférieurs" (immigrés, minorités), on peut parler, à minima, d?une pente dangereuse.
Je ne suis pas fan de l'idée de transformer le système social en un outil discriminant plutôt qu?un filet de sécurité universel même si je ne nie pas qu'il faut des réformes.
On y reviendra.
Le revenu d?intégration actuel (858 euros pour une personne vivant en couple sans enfant) est déjà jugé insuffisant pour vivre dignement.
Abaisser ce montant en y substituant des ?bons alimentaires?, pourrait aggraver la précarité parce que les bons alimentaires restreignent l?autonomie des bénéficiaires, les obligeant à affecter leurs dépenses selon des catégories imposées.
Aux États-Unis, les bons alimentaires sont une réalité depuis des décennies, mais l?administration Trump a voulu renforcer leur contrôle en limitant davantage ce que les bénéficiaires pouvaient acheter, en interdisant certains produits jugés "non essentiels".
Qui juge de ce qui est essentiel ou non?
Un enfant immigré pauvre n'aurait pas le droit de bénéficier, pour une occasion spéciale, d'une douceur, là où les enfants riches pourraient s'en goinfrer ?
L?introduction de bons alimentaires limite la liberté des bénéficiaires, les obligeant à consommer selon des règles imposées.
Quel paternalisme quand même, et potentiellement vicieux s'il ne tient pas compte des habitudes culturelles et religieuses.
Cette approche ne propose de nouveau aucune approche structurelle de la pauvreté et qui se contente de stigmatiser les pauvres.
Selon une étude, l'économie souterraine, qui inclut la fraude sociale, représenterait environ 3,8 % du PIB belge, soit environ 12,7 milliards d'euros.
https://trends.levif.be/a-la-une/politique-economique/les-belges-fraudent-chaque-annee-pour-30-milliards-deuros/
En 2022, les efforts de lutte contre la fraude sociale ont permis de récupérer un peu plus de 385 millions d'euros.
La fraude fiscale pourrait représenter entre 20 et 30 milliards d'euros par an en Belgique.
https://trends.levif.be/a-la-une/politique-economique/les-belges-fraudent-chaque-annee-pour-30-milliards-deuros/
Des enquêtes ont révélé que des réseaux de banques et de traders ont coûté aux trésors publics européens des dizaines de milliards d'euros, la Belgique ayant perdu environ 201 millions d'euros dans ces opérations.
https://eurosorbonne.eu/2018/10/30/4-questions-comprendre-cumex-files/
Ainsi, si l'Arizona mettait autant d'ardeur à gérer la fraude fiscale, qui représente des montants significativement plus élevés que la fraude sociale, des solutions structurelles à la pauvreté et à l'intégration pourraient être envisagées.
Conclusion, cette proposition, comme celles du 1e mandat de Trump, reflète une tendance globale à transformer les politiques sociales en instruments de contrôle.
J'ai entendu beaucoup d''antivax' dénoncer ces dérives vers une société de contrôle lorsqu'ils en étaient victimes.
J'en entend beaucoup moins lorsque les victimes sont des immigrés et/ ou des pauvres.
C'est dommageable car, la prochaine fois qu'ils dénonceront une dérive autoritaire, ils auront perdu leur crédibilité à cause de leurs valeurs à géométrie variable.
Il me semble essentiel de clarifier certaines choses.
Il faut, je pense, faire la distinction entre les contrôles nécessaires, administratifs, pour s'assurer que les aides sociales (et donc, l'argent du contribuable) sont effectivement bien administrées.
Ces contrôles existent.
Les mécanismes actuels pour encadrer le revenu d?intégration visent principalement à vérifier l?éligibilité et à prévenir la fraude sociale.
Analyse des revenus, de la résidence légale, et des déclarations bancaires.
Visites à domicile et vérifications croisées avec des bases de données publiques. Cela dit, le scandale du CPAS de Anderlecht, qui a montré qu'un seul assistant social peut se voir confier jusqu'à 200 dossiers montre la limite de ces enquêtes. Mais puisque le processus existe et puisqu'il est limité par un manque d'effectif, la mesure politique qu'on est en droit d'attendre, c'est de donner les moyens à ces enquêtes d'être efficaces.
Au lieu de ça, l'Arizona préfère mettre en place un autre type de contrôle: un contrôle comportemental.
Partage d?informations avec des organismes comme l?ONSS ou la Banque-Carrefour de la Sécu.
Des contrats prévoyant des démarches de formation ou d?emploi, avec possibilité de sanctions en cas de non-respect.
Ces contrôles se concentrent sur des critères objectifs (revenus, résidence) et visent à garantir que les bénéficiaires ont réellement besoin de l?aide.
Les travaux parlementaires autour du petit scandale du CPAS de Anderlecht montrent que ça marche plutôt bien puisque les acteurs sociaux avaient alerté en 2019, 2020, 2021, 2022, 2023 du fait que leur hiérarchie passait largement au-dessus de leurs rapports.
(Voir ma petite chaîne YouTube naissante)
Le problème, dans le cas du CPAS d'Anderlecht serait donc plutôt à chercher du côté de la corruption/népotisme/clientélisme ... de nos élus, ainsi qu'au manque de moyens alloués au suivi des dossiers.
La réforme proposée par l'Arizona introduit un contrôle COMPORTEMENTAL et SOCIAL, qui dépasse la vérification administrative.
Si nous sommes prêts à accepter que notre gouvernement instaure un contrôle COMPORTEMENTAL et SOCIAL qui CIBLE spécifiquement un groupe (ici les immigrés), il ne faudra pas venir se plaindre le jour ou il instaure un contrôle COMPORTEMENTAL et SOCIAL au groupe auquel nous appartenons, plus tard.
Encore une fois, je ne critique en rien qu'il y ait contrôle, je m'inquiète de la dérive concernant la SORTE de contrôle instauré.
Qui sera le prochain groupe visé par un contrôle comportemental et social?
Les parents qui critiquent l'evras, les 50+ qui ne se font pas vacciner contre la grippe, les hommes de 45+ qui ne font pas leur toucher rectal annuel?
Un citoyen qui commence à accepter les contrôles comportementaux et sociaux doit s'attendre à ce qu'un jour, on contrôle ses propres comportements sociaux.
Vous traversez en dehors des clous, hop, un point un moins.
Plus de points?
Plus de carte bancaire.
Et nous voilà en Chine, tous, collectivement, parce qu'un jour, notre gouvernement à pointer du doigts les immigrés.
Je ne nie pas que les abus existent. Mais bon, de là à accepter que notre gouvernement prenne ces abus comme prétexte aux contrôles comportementaux, il y a un pas que beaucoup semblent accepter de franchir.
Faut voir le genre de société dans lequel vous voulez vivre.